Des futurs solarpunks

Écrit par Patrick Tanguay le 7 février 2024

Image tirée de ‘Dear Alice,’ un film d’animation solarpunk. Image tirée de ‘Dear Alice,’ un film d’animation solarpunk.

Sans décliner une liste de raisons potentiellement déprimantes, il est facile de comprendre pourquoi tout un chacun tente de comprendre les possibilités du futur et de se projeter dans un futur souhaitable. Parfois il est possible de procéder de façon structurée avec un processus de prospective, alors que d’aucuns rêvent avec un bon roman de science fiction. Quelque part entre ces deux idées se trouve le solarpunk qui n’a commencé ni par une recherche, ni par un livre culte, ni par une esthétique mais par une question, un espace conceptuel. Avec un but, mais sans règles.

Un mouvement de fiction spéculative, d’art, de mode, de technologie et d’activisme qui cherche à répondre à la question et à l’incarner : À quoi ressemblerait une civilisation durable et comment pourrions-nous y parvenir?
Jay Springett, Solarpunk : Un conteneur pour des avenirs plus fertiles

Posée en 2012, cette question a donné naissance à un mouvement «polyphonique » au sein duquel une variété de voix imagine des nouvelles, des vidéos, une esthétique. Le solarpunk est complètement de notre époque par les enjeux qui lui ont donné naissance mais aussi par sa décentralisation et son existence foisonnante sur internet. Adam Flynn, un des premiers commissaires (steward) du mouvement, l’expliquait de cette façon.

Nous avons besoin de ces grands futurs dans de nouvelles directions, vers des projets qui vont au-delà des jouets cool pour les gens riches. Nous essayons de faire du Solarpunk un concept / une esthétique / un mouvement de design fiction / un cadre pour les jeux de rôle parce que nous avons besoin de bannières autour desquelles nous rallier, et il y a du pouvoir dans la formation de sous-cultures autour d’idées fortes.

Le solarpunk est aussi de son temps dans son intention, réussie, d’inclure des voix hors du monde occidental (la première collection de nouvelles a été publiée au Brésil) et en faisant une grande place aux artistes LGBTQIA+. Le solarpunk est donc résolument décolonisé et queer, inclusif dès sa naissance, dans le but d’imaginer des futurs qui le seraient tout autant.

Le solarpunk évolue avec les créations de chacun, imagine des futurs durables, prône le rêve mais veux de vrais réponses, transcende le cynisme, existe de par le monde et sur toutes les plateformes ou les créateurs peuvent se regrouper. Il n’y a pas de centre, uniquement des frontières en mouvement.

Vert, égalitaire, solaire, non-binaire, décroissant, post-capitaliste, non-hiérarchique, multiple, entremêlé, accueillant, plus qu’humain, complexe, ouvert. Le solarpunk se veut donc non pas une, mais une multitude de réponses aux questions anxiogènes d’aujourd’hui. Des futurs durables qui transcendent la dystopie vers laquelle nos fils de nouvelles semblent trop souvent nous diriger.


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