Télescope

L’équipe de la Société des demains est constamment à l'affût de signaux du futur, ces bribes de possibilités et indices de changements. C’est ici, dans Télescope, que nous répertorions les signaux les plus utiles, ainsi que les tendances et conclusions que nous en dégageons. Que ce soit par l’infolettre du même nom – envoyée aux deux semaines – ou directement sur cette page, restez au courant de nos explorations.

Éoliennes au loin à Santa Cruz, île de Madère, Portugal (Artur Widak/NurPhoto/Getty Images)

Télescope 12

Écrit par La Société des demains le 29 novembre 2023

Pourquoi l’avenir n’est peut-être pas là où vous le pensez

La façon dont les gens conçoivent l’avenir est influencée par leur culture et leur langue, comme le montrent les Aymaras d’Amérique du Sud, qui perçoivent l’avenir comme étant derrière eux et le passé devant. Les locuteurs du darij, un dialecte arabe parlé au Maroc, semblent également imaginer le passé devant et le futur derrière, tandis que certains locuteurs du mandarin représentent le futur en bas et le passé en haut. Le sens dans lequel les gens lisent et écrivent, ainsi que leurs valeurs culturelles, peuvent également influencer leur conception spatiale de l’avenir. Des chercheurs pensent aussi que la conception spatiale de l’avenir dans une société peut être déterminée par le fait que la culture locale met l’accent sur les traditions du passé ou se concentre plutôt sur l’avenir.

Comment l’IA affecte notre perception de soi

Dans cet article au Harvard Business Review, les auteurs explorent la façon dont les gens réagissent aux décisions et au retour d’information provenant de l’IA et autres technologies automatisées. Plusieurs études révèlent que les sentiments varient en fonction que ce soit une personne ou une IA qui nous évalue et que les gens répondent de façon différente selon que la réponse soit positive ou négative. Une réponse positive est mieux reçue venant d’un humain alors que la réaction à une réponse négative est plus neutre. Cependant, on aurait bien aimé qu’au passage les auteurs mentionnent les biais de tels systèmes de décisions.

En Chine, l’urbanisation rapide alimente les craintes liées au paranormal

Fascinant essai chez Aeon au sujet de l’urbanisation rapide des villes chinoises. Le professeur Andrew Kipnisis explique la peur des fantômes et décrit certaines des mesures que les gens sont prêts à prendre pour s’en prévaloir. Il propose cinq facteurs qui, selon lui, sont à l’origine de ce phénomène : « la séparation de la vie et de la mort dans les villes, l’émergence d’une société et d’une économie composées “d’inconnus,” l’idéalisation et le rétrécissement simultanés des familles, et un nombre croissant de bâtiments abandonnés ou en ruine. L’urbanisation fabrique des fantômes. Il y a aussi un cinquième point, qui est distinct de ces autres facteurs mais qui aggrave encore la hantise de la Chine moderne : une politique de répression. »


Le Portugal a fonctionné à 100 % avec des énergies renouvelables pendant six jours d’affilée. Ce pays de 10 millions d’habitants a répondu aux besoins de ses clients grâce à l’énergie éolienne, hydraulique et solaire, testant ainsi le fonctionnement du réseau sans combustibles fossiles.

◗ Le manque d’eau douce est un problème grandissant dans plusieurs régions du monde, la jeune pousse canadienne Oneka Technologies tient peut-être une partie de la solution, avec ses systèmes de dessalement flottants qui transforment l’eau de mer en eau douce grâce à l’énergie des vagues.

◗ Très belle vidéo retraçant l’évolution de la Terre sur une période de 4,5 milliards d’années. D’une durée de 60 minutes, chaque seconde représente environ 1 million d’années et le tout est superbement illustré. À garder dans un coin de l’écran, certaines époques défilent quand même pendant longtemps!

Une ne coalition d’activistes de la société civile, de chercheurs, de travailleurs du système alimentaire et de bailleurs de fonds qui explorent des futurs agricoles alternatifs. Fait avec Midjourney.

Télescope 11

Écrit par La Société des demains le 15 novembre 2023

Une jeune Afrique dans un monde vieillissant

Cet article du New York Times nous offre un survol des grands changements démographiques que vit l’Afrique, soulignant son importance croissante ainsi que ses opportunités et défis en tant que continent le plus jeune. D’ici 2050, un habitant sur quatre sera africain et 35% des jeunes du monde y résideront. L’Afrique – qui n’est évidemment pas un tout homogène mais plutôt très diverse et composée de 54 pays – bénéficie d’une influence culturelle grandissante, traverse une crise de l’emploi, possède un potentiel créatif immense, mais souffre aussi d’une montée de plusieurs groupes militants. 

Quand l’internet devient indéchiffrable

Sous la direction d’Elon Musk, la plateforme la plus populaire pour les nouvelles de dernière minute, X (ex-Twitter), ne lutte plus contre la désinformation, a supprimé les « crochets bleus » sur les comptes de journalistes et réduit la taille de son équipe « confiance et sécurité ». Les chercheurs qui étudient la désinformation sur les plateformes sociales ne disposent plus des outils nécessaires pour faire leur travail ni d’un environnement sûr pour travailler. De plus, les poursuites judiciaires contre les enquêtes sur la désinformation risquent de rendre de plus en plus difficile la compréhension de ce qui se passe dans la sphère publique numérique. Selon Ethan Zuckerman de l’université du Massachusetts à Amherst, « la vague de désinformation autour d’Israël et de Gaza pourrait annoncer un avenir dans lequel ce qui se passe en ligne est littéralement indéchiffrable » (unknowable).

L’agriculture numérique

« Le groupe de travail nord-américain sur l’agroalimentaire numérique (NADAWG) est une coalition d’activistes de la société civile, de chercheurs, de travailleurs du système alimentaire et de bailleurs de fonds qui explorent des futurs agricoles alternatifs. » On y parle de changements climatiques, du droit à la réparation, des droits des travailleurs, d’investissement social, et de plusieurs autres sujets connexes. Intrigant projet avec un partenaire d’ici, le Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives (CREPPA) et avec, présentement en vedette sur leur site, un entretien avec Aurélien Pochard de l’importante Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ), ou il explique que l’innovation est une nécessité pour la souveraineté alimentaire.


◗ Bonne nouvelle, les programmes de science et technologie feront plus de place à la crise climatique. Grâce à une révision des programmes de science et technologie par laquelle Québec veut sensibiliser davantage les élèves du primaire et du secondaire « aux enjeux actuels ».

◗ Un spécialiste de l’IA et cofondateur de Google Brain, Andrew Ng, professeur adjoint à l’université Stanford, a déclaré que les entreprises du secteur des grandes technologies attisent les craintes concernant les risques présentés par l’IA afin d’étouffer la concurrence. Elles nous feraient donc peur non pas par altruisme ou réelles craintes, mais pour encourager de nouvelles législations qui, du même coup, les protégeraient des nouveaux venus dans leur domaine.

Sympathique formule dans La Presse, où « Armés de leurs lectures, les chroniqueurs Chantal Guy et Paul Journet échangent sur les vicissitudes de notre époque, dans l’espoir d’y trouver – peut-être – un sens ». Les lectures en question sont regroupées en bas de page, de quoi faire une belle visite dans votre librairie indépendante préférée!

Image proposée par ChatGPT (à l’aide de DALL·E 3) après avoir lu notre infolettre.

Télescope 10

Écrit par La Société des demains le 1 novembre 2023

Éloge à la complexité

Dans une chronique récente, François William Croteau, ex-maire d’arrondissement sous la bannière de Projet Montréal, plaidait en faveur de la valorisation de la complexité face à la tendance actuelle à simplifier les problèmes. Les événements récents, tels que la crise climatique et la pandémie, ont mis en lumière la complexité de notre quotidien et la nécessité de prendre en compte les interactions entre les différents problèmes sociaux, économiques et environnementaux. Les problèmes tels que la pénurie de main-d’œuvre, la crise du logement et l’itinérance sont interconnectés et nécessitent une approche globale. Croteau nous exhorte à éviter les solutions simplistes au profit d’une démarche nuancée.

Ode aux infrastructures

Entretien avec Deb Chachra, spécialiste des matériaux et professeur d’ingénierie à l’Olin College, et auteure de How Infrastructure Works, un livre examinant l’histoire des systèmes d’infrastructure et des nouveaux défis posés par le changement climatique. Elle décrit comme « infrastructure » tout ce à quoi nous ne prêtons pas attention, mais dont nous dépendons à l’échelle planétaire. Chachra aborde également l’ultrastructure qui se trouve au-dessus des systèmes d’infrastructure, ainsi que le contexte social, les systèmes de pouvoir et la gouvernance. Pour un exemple concret, réfléchissez à Hydro-Québec, notre relation avec cette société d’État, et aux discussions récentes concernant la sobriété énergétique et la filière des batteries.

La nature comme pilier de l’économie mondiale

La nature fournit 100% des matières premières nécessaires à l’économie, mais l’exploitation de ces ressources a triplé depuis 1970, entraînant une perte de biodiversité. Les entreprises ont leur part à jouer dans la protection de la biodiversité, puisque 60% des pressions sur celle-ci proviennent de secteurs tels que la mode, l’agroalimentaire, la pêche et la sylviculture. Plusieurs entreprises ont ainsi lancé des initiatives pour mesurer et améliorer leur impact sur la biodiversité, et certaines vont même jusqu’à nommer un représentant de la nature dans leur conseil d’administration.


◗ Rob Hopkins, fondateur du réseau Transition Town, croit au pouvoir de l’imagination pour créer un avenir meilleur. Selon lui, le fait de puiser dans notre imagination peut entraîner des changements positifs en favorisant l’espoir, la créativité et l’action.

◗ Un nouvel outil permettra aux artistes d’apporter des modifications invisibles aux pixels de leurs œuvres avant de les mettre en ligne. Si elles sont ensuite intégrées à un ensemble d’apprentissage pour Intelligence Artificielle, le modèle qui en résulte sera alors « empoisonné » et se brisera de manière chaotique et imprévisible.

◗ Nous apprécions la redéfinition des modèles établis. D’après le Chef Anthony Strong, l’industrie de la restauration est engluée dans un modèle d’affaires profondément imparfait et des pratiques obsolètes mises en évidence par la pandémie. Afin d’élaborer un modèle d’affaires pérenne, Strong a réduit de moitié sa salle à manger et l’a transformée en une boutique de pâtes et sauces, ouverte toute la journée.

Télescope 09

Écrit par La Société des demains le 18 octobre 2023

À quand un ministre de l’Avenir ?

C’est la question posée par Alexandre Sirois dans La Presse après avoir discuté avec le philosophe Normand Baillargeon et le poète Christian Vézina, et creusé les idées derrière une récente sortie publique du collectif G15+. Un ministère de l’Avenir pourrait faire face aux défis environnementaux, aux changements démographiques et à d’autres problématiques à long terme, avec le mandat de proposer des actions préventives plutôt que curatives. Le livre de Baillargeon et Vézina lance aussi l’idée de ministères tels que l’Éthique numérique, la Décroissance et le Silence pour aborder ces enjeux négligés. Toutes des propositions visant à stimuler la réflexion et à susciter un dialogue constructif sur l’avenir du Québec.

Pourquoi l’internet n’est plus amusant

Kyle Chayka écrit dans le New Yorker que l’internet n’est plus aussi amusant qu’avant. Selon lui, ces réseaux se sont emparés de l’espace public de l’internet, centralisant et homogénéisant les expériences grâce à leurs systèmes de tri des contenus (leurs algorithmes) opaques et changeants. L’internet d’aujourd’hui semble plus vide et moins informatif, avec moins de gens qui prennent des risques en participant et plus de gens qui s’installent dans des rôles de consommateurs passifs. Proposons une version un peu plus optimiste: il y a encore plein de fun sur internet, il faut simplement, « comme dans le temps », chercher un peu et ne pas attendre que tout nous soit présenté sur un plateau d’argent par un algorithme.

Des entreprises en Intelligence Artificielle recrutent des poètes

Des poètes, des romanciers et des écrivains titulaires de doctorats et maîtrises sont engagés par quelques compagnies pour fournir du matériel alimentant l’apprentissage de modèles d’IA. À l’instar des acteurs dont le corps, les gestes et la voix sont synthétisés en échange d’un tarif unique pour ensuite être utilisés à perpétuité, les auteurs ne toucheront rien d’autre que des salaires pendant la période où ils fourniront les écrits. Les habitants des pays du Sud étiquettent déjà des données de formation depuis un certain temps en étant payés une pitance, ce n’est donc pas nouveau, simplement une variation. N’oublions pas que nous faisons tous la même chose gratuitement en utilisant ces produits d’IA. Utilisez-vous ChatGPT ou est-ce vous qui êtes utilisé ?


◗ C’est bien beau échanger avec l’IA pour écrire un petit texte ou générer une image, mais c’est aussi une technologie qui peut résoudre de vrais problèmes. Par exemple, DeepMind utilise l’IA pour identifier les causes de maladies génétiques alors que Toyota Research Institute (TRI) a annoncé une approche générative révolutionnaire pour rapidement enseigner une plus grande dextérité à ses robots.

◗ Finalement, c’était si utile Twitter/X ? Six mois après son départ de la plateforme, NPR a déterminé que les effets en ont été négligeables. Un mémo distribué au personnel indique que le trafic n’a baissé que d’un seul point de pourcentage depuis la décision de dire bye bye à Elon.

◗ Comme bien des idées venues de Silicon Valley, l’IA est vendue à rabais, ou même donnée, le temps de prendre des parts de marché. Qu’arrivera-t-il lorsque ces prix représenteront les vrais coûts? Microsoft commence à le découvrir en perdant de l’argent sur chaque usager du Copilot de GitHub, propriété du géant de Seattle.

Télescope 08

Écrit par La Société des demains le 4 octobre 2023

C’était une grosse rentrée pour la Société des demains! En septembre, nous avons livré au Fonds des médias du Canada un rapport sur l’avenir du contenu canadien. Nous avons aussi publié un rapport de prospective pour Xn Québec, en plus de co-réaliser leur sommet. Finalement, nous avons présenté des laboratoires vivants sur les futurs possibles de l’industrie de l’audiovisuel en amont du Forum du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec le 11 octobre prochain.


Dans Le Devoir, une série au sujet des balados

De plus en plus de médias québécois se lancent dans l’aventure du balado d’information, cherchant à attirer un nouveau public et des annonceurs. Le magazine L’Actualité a décidé de créer un balado basé sur sa populaire infolettre Dollars et cents. D’autres médias tels que Rad de Radio-Canada, La Presse et Le Devoir développent également des balados pour atteindre de nouveaux publics. Le format offre une grande souplesse aux auditeurs et crée un sentiment de proximité, ce qui explique sa popularité croissante. Cependant, ce type de contenu présente des défis en termes de découvrabilité et de monétisation. (Article faisant partie du dossier L’eldorado du balado sur le site du Devoir.)

L’histoire en hallucinations

« Je ne me fais pas d’illusions sur l’exactitude de ces simulations : elles sont truffées de faussetés et d’hallucinations affirmées avec assurance. Cependant, parfois les hallucinations peuvent être une qualité et non un défaut. » Benjamin Breen est professeur à UC Santa Cruz et estime que les grands modèles de langage (LLM) auront un impact positif sur l’enseignement supérieur, en particulier dans les sciences humaines. Selon Breen, les simulations peuvent être complétées par des activités telles que la vérification des faits et la recherche, pour ensuite en améliorer la précision. Les LLM seraient particulièrement utiles pour les étudiants en histoire, car ils s’alignent sur les compétences et les méthodes déjà mises de l’avant dans les cours de sciences humaines.

Une tout autre réalité virtuelle

Cette semaine, suite à l’ajout de capacités de reconnaissance vocale à ChatGPT, Ben Thompson explique pourquoi il conçoit la Réalité Virtuelle comme étant toute réalité dans laquelle les contraintes humaines ont été supprimées. Certes, il s’agit là d’une vision très différente de la RV « classique », mais il s’agit aussi d’une reformulation utile. La RV étant un « espace » dans lequel nous interagissons, l’attacher obstinément à des éléments visuels pourrait être une erreur. Si le fait d’avoir en permanence une IA à côté de votre oreille efface les contraintes de temps, d’espace et la présence humaine, alors on peut considérer qu’il s’agit d’une réalité différente. C’est du moins la vision qu’il propose.


Après l’adaptation, le beau temps. Un autre excellent dossier, celui-ci chez Unpointcinq avec des articles concernant des sujets tels que Sainte-Flavie qui réinvente sa relation avec le fleuve, la communauté anishnabe de Lac-Simon, les corridors écologiques dans la ville et la biodiversité.

Les êtres vivants qui se nourrissent de plastique. Suite à un nombre croissant de découvertes d’enzymes qui peuvent décomposer le plastique, plusieurs groupes tentent d’en industrialiser le processus. On veut démanteler ces matériaux et réutiliser leurs composants de base, en commençant par la mise au point de versions encore plus puissantes, parfois grâce à l’aide de l’IA. En plus de résumer un tel processus, l’article présente aussi quelques projets à grande échelle prévus pour les deux prochaines années.

◗ Des psychologues pressent les gouvernements d’inclure la psychologie dans leur réflexion sur l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. Selon eux, une meilleure compréhension de la psychologie des citoyens pourrait aider à franchir le pas entre la prise de conscience et le changement de comportement.

Télescope 07

Écrit par La Société des demains le 13 septembre 2023

Des futurs biaisés?

Vous pouvez approcher cet excellent article d’Alex Fergnani de deux façons. Si vous vous intéressez à la prospective, c’est une belle occasion de réfléchir à votre propre pratique et à comment proposer différentes options pour une vision équilibrée. Si vous connaissez moins le domaine, c’est tout de même une lecture intéressante  pour mieux comprendre comment les visions de certains intellectuels grand public sont parfois biaisées, orientées vers une seule vision du futur, et pas toujours la plus probable ou la plus sensée.

Arrêtons de tester les IA comme si c’était des personnes

Plusieurs scientifiques et chercheurs remettent en question les méthodes utilisées pour tester des grands modèles de langage (LLM), tels que GPT-3 et GPT-4, qui ont montré des capacités remarquables dans des tâches telles que le raisonnement analogique et la réussite à des examens. Est-ce que ces résultats indiquent une compréhension réelle ou sont-ils le fruit d’une astuce statistique? Certains suggèrent donc que pour évaluer les capacités cognitives de ces intelligences artificielles, il faudrait plutôt adapter les techniques utilisées pour étudier les intelligences variées des animaux.

Vive le glanage!

Vous connaissez probablement le mot mais connaissez-vous la véritable activité qui se cache derrière le mot « glaner »? Des milliers de bénévoles participent au glanage dans les campagnes québécoises dans le but de lutter contre la faim, le gaspillage et la pénurie de main-d’œuvre agricole. Ils et elles récoltent les légumes dans les champs d’agriculteurs locaux et se voient attribuer un tiers de la récolte, tandis que les deux autres tiers reviennent à l’agriculteur et aux banques alimentaires. On pense souvent que le futur se trouve dans les technos est les nouvelles idées, mais parfois il suffit de réinventer les pratiques.


◗ Pour la rentrée scolaire, Usbek & Rica nous propose 6 propositions pour l’école du futur. Chaque proposition est basée sur un de leurs articles passés. Nous retenons particulièrement l’idée de rendre obligatoire l’étude du changement climatique à l’école et, évidemment, nous répondons oui à la question Et si on enseignait le futur à l’école ?

◗ On entend régulièrement des appels à de meilleures pratiques en IA, que ce soit côté éthique ou pour réduire les biais, mais il ne faut pas uniquement éviter les manques, il faut aussi inclure une plus grande diversité de voix et s’assurer que des projets se développent partout. C’est en partie ce que vise le African Observatory on Responsible AI.

◗ La France annonce régulièrement de petites et grandes initiatives pro-environnement. On aime bien ce bonus réparation textile. « Pour réparer le cuir de vos chaussures, il sera possible d’obtenir jusqu’à 25 euros d’aide. Comptez 8 euros pour recoller une semelle. Pour les vêtements, une doublure raccommodée verra entre 10 et 25 euros de la facture. »

CHOM5KY vs CHOMSKY!

Télescope 06

Écrit par La Société des demains le 30 août 2023

La Fresque du climat

Un nombre grandissant d’organisations partout dans le monde utilisent la Fresque du climat, initialement créée en France. « Un atelier ludique de sensibilisation aux enjeux du changement climatique. Un outil qui leur permet de mobiliser leurs salariés sur le sujet ou, a minima, de leur faire comprendre certaines décisions centrales ». L’objectif est d’éveiller les consciences et de susciter une réflexion sur les actions à entreprendre. Elle a été suivie par près de 1,2 million de personnes dans le monde et a été traduite dans 49 langues. La Fresque du climat a également inspiré d’autres ateliers sur des sujets tels que la biodiversité, la mobilité et l’économie circulaire. Super initiative que l’on imagine très bien combiner à un exercice de prospective. À suivre?

L’avenir de Hollywood appartient aux humains, pas aux machines

Madeline Ashby, dans un article pour WIRED, se penche sur les implications de la grève de la Writers Guild of America, particulièrement sur le volet IA générative et ses implications futures. Comme c’est généralement le cas avec Ashby, l’article comporte de nombreuses références, des passages drôles, et une vue d’ensemble précise et stimulante du découplage des différents emplois dans le secteur du divertissement. Ashby montre bien comment le contenu généré par l’IA sera ciblé très précisément, probablement au point de nous faire perdre le lien avec les histoires des autres, aboutissant à un charabia de réinterprétations adaptées individuellement à chacun d’entre nous. 

Essai sur la société de provocation

Dans son nouvel essai intitulé La société de provocation – Essai sur l’obscénité des riches, la sociologue et professeure à l’université d’Ottawa Dahlia Namian dénonce l’exhibitionnisme des ultra-riches et l’impact de leurs dépenses extravagantes sur les inégalités et l’environnement. Elle critique la société de provocation qui valorise la surconsommation et le luxe ostentatoire, tout en privant une grande partie de la population de ses besoins essentiels. Namian souligne que la concentration de richesse confère également du pouvoir politique aux riches et remet en question l’idée selon laquelle ils sont les seuls créateurs de richesse.


◗ On a bien hâte! « Explorez les limites de l’intelligence artificielle et de notre connaissance de l’esprit humain avec CHOM5KY vs CHOMSKY! Conçue par Sandra Rodriguez, cette expérience unique en réalité virtuelle arrive à Montréal le 6 septembre ». (Image ci-dessus.)

◗Il y a beaucoup de changements et d’évolutions au cœur du marché des vélos électriques, une multiplication des modèles, l’arrivée de plusieurs nouveaux manufacturiers, et un marché en constante progression. Le développement technologique est évidemment aussi en ébullition, comme ce nouveau concept inventé dans le Loiret, qui est sans batterie ni recharge et équipé d’un « super-condensateur » qui se recharge au freinage et en descente.

Sur les marchés chinois de l’habillement, une bataille pour l’avenir de la diffusion en direct. En Chine, le livestreaming est devenu un moyen populaire pour les entreprises qui veulent stimuler leurs ventes. Les influenceurs, qui tournent régulièrement leurs vidéos dans les boutiques, proposent des rabais tellement bas que les commerces de détail les voient maintenant comme des compétiteurs et leur interdisent l’accès intérieur et à certains marchés.

◗ Vous serez certainement d’accord, ils ne sont vraiment pas aussi beaux que les anciens voiliers. Tout de même on se doit d’apprécier cette résurgence du transport maritime à voile, une alternative durable aux méthodes conventionnelles alimentées par des combustibles fossiles. Évidemment, ces navires à voile modernes ne sont pas de simples répliques, ils intègrent des matériaux avancés et un travail aérodynamique pour optimiser leur efficacité.

Empty Vessels, une performance de violoncelles robotiques contrôlés par IA.

Télescope 05

Écrit par La Société des demains le 16 août 2023

Dimensions personnelles et psychologiques des chercheurs en IA

Le chercheur en intelligence artificielle (IA) Yoshua Bengio exprime sa prise de conscience concernant les risques existentiels que les IA puissantes peuvent présenter pour l’humanité. Il explique comment il a changé d’avis sur la sécurité des IA, passant d’une vision optimiste à une vision plus pessimiste. Un élément particulièrement important à noter est que ce changement de posture suit une prise de conscience « de la structure actuelle de la société et du fait que des outils d’une telle puissance ont une double utilisation, tant pour le bien que pour le mal ». En d’autres mots, Bengio contextualise sa recherche dans le monde réel, au lieu d’une vision académique détachée des impacts ou encore centrée sur le marché comme fin en soit, à l’image de tant d’entrepreneurs de la Silicon Valley.

Nous ne pouvons pas tous être des « doomers »

Selon Rebecca Solnit, dans un article publié chez The Guardian, face à la crise climatique, « les gens semblent souvent davantage intéressés à prouver que nous sommes perdus qu’à prouver que nous pouvons nous en sortir ». C’est sans conteste un équilibre difficile à trouver, que de s’informer parmi tant d’agendas divergents, tout en restant aligné sur le positif et le possible, en plus de faire face aux tragédies déjà en cours. Comme Solnit, nous essayons donc de suivre la philosophie de Gramsci qui parlait de « pessimisme de l’intellect, et d’optimisme de la volonté ». 

Les bibliothécaires des années 1970 qui ont révolutionné le défi de la recherche

Nous partageons cet article trouvé chez Aeon pour deux raisons. Un, c’est captivant si vous vous intéressez à l’histoire de la technologie. Deux, c’est un bel exemple de parcelles d’histoire perdues qui peuvent modifier notre perception du présent et les futurs que nous croirons possibles.

Dans les années 1970, des bibliothécaires ont mis au point des outils de recherche numérique qui ont révolutionné la manière dont les chercheurs pouvaient découvrir les informations pertinentes. À l’université de Syracuse, une bibliothécaire nommée Pauline Atherton a dirigé le développement de SUPARS, qui a ouvert la voie aux moteurs de recherche contemporains. Elle et son équipe ont anticipé un avenir dans lequel les chercheurs travailleraient de plus en plus hors bibliothèques et multiplieraient les demandes, ils se sont alors tournés vers l’intelligence collective pour complémenter l’aide des bibliothécaires.

 

Dossier Arts & IA. Beau dossier sur le site de la Société des Arts Technologiques (SAT), permettant aux lecteurs de « plonger au cœur de développements technologiques et de créations artistiques repoussant les frontières de l’imagination ». (Ci-dessus, Empty Vessels, une performance de violoncelles robotiques contrôlés par IA.)

70 ans de Disney Imagineering. Scott Trowbridge, cadre créatif senior chez Walt Disney Imagineering (WDI), y dirige divers projets et initiatives. WDI, qui a célébré son 70e anniversaire l’année dernière, est responsable de la conception et de la construction des parcs à thème, des centres de villégiature, des attractions et des navires de croisière de Disney. Trowbridge insiste sur l’importance de raconter des histoires et de créer des expériences extraordinaires pour les visiteurs. 

◗ Similaires aux dark stores, les dark kitchens désignent des « restaurants virtuels » ou « cuisines fantômes », accessibles uniquement en ligne via des plateformes de livraison de nourriture sur Internet. Pour plusieurs, considérant leur impact sur le tissu urbain et la diversité de l’offre commerciale, des projets comme cette tour comportant dix étages de dark kitchens sont donc à classer sous la rubrique « futurs indésirables ».

◗ Pour finir en beauté, un compte instagram qui fait du bien. « @futureearth se dit “un club pour le climat où tout le monde est bienvenu et où nous citons toujours nos sources”. »

Plus près que nous le pensons, par Arthur Radebaugh

Télescope 04

Écrit par La Société des demains le 5 juillet 2023

Les « monstres de l’IA

Tout récemment, l’auteur de science fiction Bruce Sterling a écrit un article intitulé « L’IA est la bête la plus effrayante jamais créée » alors que l’anthropologue des cultures et technologies numériques Nicolas Nova a parlé du « Monstre à tentacules lovecraftiennes de l’IA » (l’image vaut le détour). On pourrait croire à l’hyperbole mais comme Nova l’explique, « il s’agit d’un exemple intéressant de la manière par laquelle les experts s’appuient sur des créatures fantastiques pour donner un sens aux technologies. La métaphore du monstre est parfois associée aux profanes ou aux personnes qui n’ont aucune idée de la manière dont ces systèmes fonctionnent. Le monstre tentaculaire de l’IA, et la façon dont il a circulé sur les médias sociaux, montre que ce n’est pas le cas, et que de tels visuels/métaphores peuvent être utilisés pour caractériser ce que sont ces entités, ainsi que leurs connotations morales (comme l’illustrent les adjectifs utilisés par l’auteur : “mal”, “gentil”, “utile”, “amical”) ».

Bref, alors que l’anthropomorphisation à outrance tend à donner une aura de génie et d’inévitabilité aux technologies–et à l’Intelligence Artificielle en particulier, des métaphores de monstres ou autre, peuvent aussi nous donner un vocabulaire et une imagerie utiles pour décrypter une technologie plutôt opaque.

Des véhicules électriques avec de faux leviers de vitesses et de faux bruits de moteur

Le skeuomorphisme définit « un élément de design dont la forme n’est pas directement liée à la fonction, mais qui reproduit de manière ornementale un élément qui était nécessaire dans l’objet d’origine ». Il y a quelques années Apple en avait fait une manie dans ses applications comme le calendrier qui avait une apparence de cuir. Le faux bruit de moteur existe déjà sur certaines voitures électriques, aujourd’hui ce sont différents manufacturiers qui veulent aller encore plus loin en travaillant sur la prochaine génération de véhicules électriques qui seraient dotés d’un faux levier de vitesses, de sons de moteur et qui inclurait même la possibilité d’un faux calage (stall) si vous passez la mauvaise vitesse.

Où sont passés tous les méchants de Disney?

Dans les récents films de Disney, la présence des méchants traditionnels s’est estompée, privilégiant plutôt des histoires axées sur les conflits internes des héros. Cette évolution offre une approche innovante. Toutefois, les méchants traditionnels jouent un rôle essentiel en stimulant l’intrigue et en fournissant une clarté narrative. Leur présence permet de créer des obstacles tangibles pour les héros, les poussant à se surpasser et à accomplir leur quête. Alors, vous préférez votre légende avec ou sans méchant?

 

◗ La prospective ne vise pas à faire des prédictions mais bien à se préparer dès aujourd’hui à ce qui pourrait exister demain. Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier une prédiction audacieuse ou une belle illustration farfelue (par exemple l’image ci-dessus), comme celles de l’illustrateur et futurologue Arthur Radebaugh qui, de 1958 à 1962, a enthousiasmé les lecteurs de journaux avec ses visions de l’avenir, dans une superbe bande dessinée dominicale intitulée « Plus près que nous le pensons ».

◗ Le designer Bjørn Karman a développé Paragraphica, un appareil photo sans lentille qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour générer des « photos » de lieux et de moments capturés grâce à une représentation unique. Les appareils se présentent sous forme physique et numérique, avec des cadrans d’apparence traditionnelle qui contrôlent le rayon de recherche, introduisent une trace de bruit visuel et s’assurent de la conformité de l’IA avec le paragraphe écrit. 

Les prototypes de science-fiction sont des laboratoires imaginaires, basés sur des faits scientifiques, qui incitent les créateurs et les lecteurs à réfléchir de manière critique à l’impact de la science et des technologies émergentes, ainsi qu’aux réactions sociales et émotionnelles au sein de la société.

◗ À première vue, l’idée que Netflix ouvre son premier restaurant (à Los Angeles évidemment) peut paraître curieuse, mais le concept n’est pas bête du tout! Baptisé « Netflix Bites », le menu proposera des plats spéciaux élaborés par des chefs célèbres issus d’émissions culinaires populaires.

(Des)Ordres (1974), Vera Molnar.

Télescope 03

Écrit par La Société des demains le 21 juin 2023

L’évolution du « streaming »

Qu’est-ce que ça signifie quand Netflix change sa stratégie de « local pour global » à « local pour local »? Selon Lucas Shaw de Bloomberg, Netflix ne cherche pas seulement à être le plus grand réseau de télévision du monde, mais aussi le plus populaire dans chaque pays. Cette approche vise à rejoindre les spectateurs locaux en proposant des contenus qui leur correspondent et à devenir un incontournable de la télévision mondiale. Certains craignent d’ailleurs que Netflix ait le pouvoir de remplacer leurs propres industries locales s’ils ne mettent pas en place des mesures de protection. Verra-t-on enfin davantage de contenu original québécois sur la plateforme? Ce sera intéressant de voir si Netflix augmentera la production locale au pays dans le contexte de C-11 et de quelle façon.

Un laboratoire de l’industrie du futur… peut-être

Selon l’équipe de Kickmaker qui ont parlé à Usbek & Rica, les micro-usines pourraient jouer un rôle dans la réindustrialisation de la France post-Covid tout en préservant l’environnement. Située à Paris mais aussi à Lyon, Nantes, Shenzhen, Boston et Montréal, cette agence d’industrialisation de projets technos conçoit des prototypes et de petites séries de produits, permettant une économie de ressources et une plus grande proximité avec les clients et fournisseurs. Seuls bémols à ce modèle tout de même très intéressant; la provenance des matériaux et la réparabilité. On a beau concevoir et assembler localement, les métaux rares viennent habituellement de loin et sont extraits dans de mauvaises conditions pour les travailleurs. De plus, si le produit est peu ou pas réparable, on gaspille rapidement les petites économies faites lors de la conception.

IA et droit d’auteur

L’IA générative prétend produire de nouveaux langages et de nouvelles images, mais lorsque ces idées sont basées sur du matériel protégé par des droits d’auteur, à qui revient le mérite? Un article de recherche présenté par quelques auteurs–dont Peter Henderson, candidat au doctorat en droit à l’université de Stanford–présente le contexte historique de « l’usage acceptable » (« Fair Use ») et explore plusieurs scénarios hypothétiques dans le but d’illustrer les complexités engendrées par l’IA. L’un de ces scénarios remet en question la légalité d’un système d’intelligence artificielle lisant mot pour mot une œuvre protégée par le droit d’auteur.

 

◗ Avez-vous déjà entendu parler de VICA (volatilité, incertitude, complexité et ambiguïté, VUCA en anglais). Ou alors de FANI (fragile, anxieux, non linéaire et incompréhensible, BANI en anglais)? Nous préférons ce dernier, plus apte à décrire notre époque, et nous avons récemment découvert celui-ci, qui date de quelques années mais n’a pas bénéficié de beaucoup de visibilité; DELA (dynamique, émergent, liminal, anthropocentrique). Sans présenter de méthode définie, ces trois acronymes proposent chacun un cadre sommaire qui peut être utilisé pour mieux comprendre l’environnement et la position stratégique de votre organisation.

◗ Être trop dogmatique, c’est une mauvaise idée. D’un autre côté, s’inventer un dogme comme cadre de création peut donner de beaux résultats et parfois attirer l’attention sur des concepts importants. C’est pourquoi le Torontois Dré Labre s’est inspiré du Dogme95 pour formuler le Dogme 25, un manifeste encadrant la réalisation de films avec l’aide d’Intelligences Artificielles.

◗ Les nouvelles images créées par les IA génératives sont divertissantes à inventer et donnent des résultats étonnants, mais nous avons quand même un gros faible pour ces superbes images des débuts de l’art informatique des années 50 et 60 (comme l’image ci-dessus).

◗ On peut trouver plein de belles références sur Utopithèque, et même une page à-propos qu’on aime. « L’action qu’il nous faut aujourd’hui est une action constante, sereine et de longue haleine. Une action où l’on se donne le temps de se reposer, de rêver, d’être joyeux … Cette utopithèque se veut une collection de récits qui font du bien, qui nous font du bien et qui nourrissent une action génératrice et joyeuse. »


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