Le discours bourgeois comme système de défense face à la lenteur
Cet article de Pascal Wicht critique la réaction de la bourgeoisie suisse (dans le sens des partis bourgeois, et non pas de la classe sociale nantie, quoique…) face au financement du train de nuit Bâle–Malmö. Les parties perçoivent le projet comme une dépense idéologique incompatible avec une vision du progrès fondée sur la vitesse et la rentabilité. Selon lui, cette opposition révèle une logique budgétaire étroite qui empêche d’envisager la transition écologique autrement que comme un sacrifice, niant ainsi la possibilité d’un futur basé sur la continuité et la sobriété. Le train de nuit incarne une autre idée du futur, celle d’une mobilité lente, partagée et respectueuse de l’environnement, qui dérange un ordre moral centré sur la consommation et la productivité individuelle. En refusant cette lenteur, la bourgeoisie défend une vision dépassée du monde, incapable d’imaginer une transformation profonde et collective.
IA : accélération ou précaution ?
Cet article chez Noema oppose l’approche prudente de l’Europe en matière d’IA à la volonté d’accélération des États-Unis et de la Chine, en offrant un panorama des avantages et désavantages des deux. Benjamin Bratton est de l’opinion que la position « réglementer d’abord » de l’Europe étouffe l’innovation et crée une dépendance technologique. Francesca Bria préconise plutôt la mise en place d’une infrastructure d’IA souveraine et démocratique comme alternative à l’exploitation de la Silicon Valley ou au contrôle à la chinoise. Certains commentateurs, dont Jacques Attali, considèrent que le rôle de l’Europe est de fixer des limites éthiques et juridiques afin de garantir que l’IA serve le bien commun plutôt que de porter atteinte à la démocratie. L’auteur suggère qu’une réglementation stricte risque de rendre l’Europe dépendante des plateformes étrangères ; alors qu’une stratégie équilibrée combinant le dynamisme américain et la réflexion européenne pourrait fournir les freins et contrepoids nécessaires à un sain déploiement alors que le pouvoir mondial en matière d’IA évolue.
Prospective et dialogue social
L’Institution paritaire pour le Progrès Social dans l’Industrie (IPSI) a consacré le No5 de des Cahiers de l’IPSI à un spécial prospective. « L’objectif est d’offrir une première clé de lecture des multiples facteurs susceptibles de transformer le dialogue social, tout en invitant à élargir le champ des possibles. » Pour se faire, l’équipe a identifié trois pistes de scénarios : L’entreprise dissoute dans l’algorithme; L’entreprise au service d’un renouveau démocratique; et L’entreprise comme espace de contrôle social. Chaque scénario est suivi de quelques signaux faibles et signaux d’alarme, puis du point de vue de l’IPSI. Du beau travail, à télécharger en PDF au lien ci-dessus.
◗ Un complexe immobilier conçu pour lutter contre la solitude remporte le prix du meilleur bâtiment britannique. « Le meilleur nouveau bâtiment britannique est bien plus qu’un simple centre pour personnes âgées. L’Appleby Blue Almshouse, qui a remporté cette année le prestigieux prix Stirling du Royal Institute of British Architects, fait entrer l’une des plus anciennes formes de logement social du Royaume-Uni dans l’ère moderne en intégrant des concepts pour combattre la solitude et l’isolement social chez les personnes âgées.
◗ Disney+ autorisera les contenus générés par les utilisateurs via l’IA. Le PDG Bob Iger a annoncé que la plateforme déploiera cette fonction, permettant aux abonnés de créer et de consommer du contenu vidéo court basé sur les propriétés intellectuelles de Disney. L’entreprise mène des discussions avec différentes compagnies pour mettre en place ces outils tout en protégeant ses droits d’auteur. Intriguant concept à suivre, plus de bouillie (slop) et/ou des belles réalisations fanfic comme on en trouve par écrit?
◗ Une étude révèle que 97% des auditeurs sont incapables de reconnaître une musique générée par IA. « L’étude montre également que la grande majorité des auditeurs – 80% au niveau mondial, 87% en France – juge nécessaire l’étiquetage transparent des morceaux générés par intelligence artificielle. 73% des répondants estiment d’ailleurs que les entreprises d’IA ne devraient pas pouvoir utiliser des œuvres protégées pour entraîner leurs modèles sans autorisation et 70% considèrent que la musique générée par IA menace les revenus des artistes. »
