Le macroscope : Un instrument pour éclairer notre passé, notre présent et notre avenir

Écrit par Patrick Tanguay le 7 juin 2023  •   •  •  • 

Au XVIIe siècle, des souffleurs de verre hollandais comme Hans Jansen et son fils Zacharias ont révolutionné le monde de l’optique en fabriquant le premier microscope composé. Leur conception ingénieuse, qui utilise plusieurs lentilles pour grossir les objets, dévoile un univers complexe hors de portée de l’œil nu. À la même époque, d’autres chercheurs, comme Anton van Leeuwenhoek, ont fait progresser la microscopie en révélant le monde invisible des micro-organismes. Ces artisans ont su élargir notre perspective, en mettant en lumière les moindres détails de l’existence.

Cependant, l’impact de leur travail se répercute au-delà du monde microscopique. Il se retrouve également dans le domaine de l’astronomie, où les télescopes, le pendant macroscopique des microscopes, nous donnent un aperçu du cosmos. Le télescope, telle une machine à remonter le temps, nous offre des images du passé lointain grâce à la vitesse «limitée» de la lumière. En observant une étoile située à un milliard d’années-lumière, nous ne la voyons pas telle qu’elle est, mais telle qu’elle était il y a un milliard d’années. Ces « photons qui voyagent dans le temps » fournissent aux astronomes des informations inestimables sur l’évolution de l’univers.

Ces deux perspectives–microscopique et macroscopique–sont profondes. Mais à mesure que nous avançons dans le XXIe siècle, une époque caractérisée par des systèmes complexes et des changements rapides, un nouveau concept émerge réunissant ces deux points de vue : le « macroscope ». 

Le concept, proposé pour la première fois par le designer John Thackara puis autour duquel Matt Webb a su élaboré, le macroscope nous aide à comprendre l’effet cumulatif de nombreuses petites actions, donnant ainsi un sens à des systèmes complexes qui s’étendent à des échelles micro et macro. Ce concept, qui rappelle la dualité de Richard Feynman regardant une fleur et la perspective de la Terre entière promue par Stewart Brand, offre un nouvel angle de vue pour comprendre notre monde.

Un macroscope n’est pas seulement un outil d’observation : il peut orienter nos actions et nos innovations, en particulier dans le domaine du design. À l’instar des souffleurs de verre qui ont ouvert la voie à l’optique, les designers modernes ont pour mission de créer plus que des objets fonctionnellement esthétiques. Ils jouent un rôle déterminant dans l’évolution culturelle. Comme le dit éloquemment le designer Jack Schulze, le design est une question « d’invention culturelle », un processus qui oblige les designers à participer à l’évolution du monde et à le propulser vers l’avant.

Le défi est immense. Prenons l’exemple du système financier mondial, une structure si vaste et si complexe que même les esprits les plus brillants peinent à l’appréhender dans sa totalité. Le quasi-effondrement de ce système en 2008-2009 illustre la nécessité de disposer d’un outil permettant de visualiser des structures complexes comme celles-ci à l’échelle humaine, en montrant à la fois les impacts individuels et la dynamique globale. Nous avons essentiellement besoin d’un macroscope financier.

Un tel macroscope serait une révélation comparable à la vision de la fleur de Feynman ou de la photographie de la « bille bleue » (Blue Marble) pour la première fois. Un tel outil pourrait mettre en lumière les effets personnels de la dette et de la finance, tout en éclairant les rouages complexes de l’économie mondiale. Il pourrait humaniser des concepts abstraits, en facilitant les connexions et en permettant une action éclairée.

Les macroscopes pourraient également être déployés dans d’autres domaines d’importance culturelle, en nous permettant de comprendre clairement notre place dans le monde et en nous donnant les moyens de participer à son façonnement. En révélant une vue d’ensemble et en la reliant à l’expérience individuelle, les macroscopes pourraient stimuler une évolution dans le domaine du design et dans d’autres domaines, en nous permettant de nous engager dans notre travail (craft) de manière plus efficace et plus pertinente.

Cette semaine je voulais faire un lien entre le nom de notre infolettre et le concept de macroscope, tel que je l’ai découvert dans un excellent billet par Matt Webb. Je voulais aussi le relier au microscope et admettre que même si nous utilisons ici le télescope comme métaphore pour l’idée de voir loin, les télescopes voient en fait le passé de l’espace. Mais je n’avais plus assez de temps. J’en ai donc profité pour faire un petit test avec ChatGPT en mode GPT-4. Je lui ai demandé de me résumer l’article, puis de me parler de deux sujets précis, et enfin de me mélanger le tout en un seul article. Le résultat est ci-dessus, et c’est ma fois pas mal bien!

Éditorial publié initialement dans notre infolettre Télescope 02.