Télescope

L’équipe de la Société des demains est constamment à l'affût de signaux du futur, ces bribes de possibilités et indices de changements. C’est ici, dans Télescope, que nous répertorions les signaux les plus utiles, ainsi que les tendances et conclusions que nous en dégageons. Que ce soit par l’infolettre du même nom – envoyée aux deux semaines – ou directement sur cette page, restez au courant de nos explorations.

Au mois d’août, le parc national du Bic a accueilli la première école d’été en éducation environnementale. ©Stéphane Lizotte pour l’UQAR

Télescope 30

Écrit par La Société des demains le 18 septembre 2024

Les plages du Bic transformées en salle de classe 

Inventer le futur, ça ne se fait pas seulement dans l’abstrait, mais aussi par de beaux projets qui regardent en avant. Au mois d’août dernier, le parc national du Bic a accueilli la première école d’été en éducation environnementale, organisée par l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Pendant une semaine, 10 enseignant.e.s et 12 étudiant.e.s dans le domaine ont participé à des ateliers pédagogiques, alliant théorie et pratique, pour aborder le rôle de l’éducation environnementale dans un contexte maritime. Catherine Simard, l’une des initiatrices du programme, souligne l’importance d’appliquer ces apprentissages en classe et de soutenir les enseignant.e.s par des groupes de discussion. Malgré les défis liés au temps et aux ressources, les enseignant.e.s, comme Dany-Kate Barriault, continuent de chercher des solutions pour intégrer des activités en plein air et renforcer le lien des élèves avec la nature.

Remettre les imaginaires au service du design fiction

Le terme « Design Fiction » est souvent utilisé pour l’élaboration de fictions ou de scénarios de prospective, mais ce n’est pas sa vraie définition. Cette approche se situe à l’intersection du réel et de l’imaginaire, en concevant des objets qui incarnent des mondes futurs, plutôt que de simplement raconter des histoires à leur sujet. L’exploration des imaginaires et la création de récits, quant à eux, permettent de mieux comprendre les peurs et les espoirs liés à la technologie. Cet article de L’atelier des futurs clarifie la distinction entre ces pratiques et met en lumière leurs rôles et avantages.

Pour mieux comprendre la transition énergétique

La transition énergétique, particulièrement considérée au niveau mondial, est complexe à bien saisir. Ces deux articles apportent un éclairage intéressant sur certains enjeux. Le premier, au New York Times, évoque la révolution de l’énergie solaire, soulignant que d’ici 2030, l’énergie solaire devrait être essentiellement gratuite pendant les périodes d’ensoleillement dans la majeure partie du monde. L’accent sera alors mis sur le stockage et le transport de l’énergie, ouvrant ainsi la voie à l’indépendance énergétique des pays et au remodelage de leur économie.

Côté extraction, ce numéro de Distilled affirme que le passage à une énergie propre signifie que nous n’aurons plus à extraire de grandes quantités de combustibles fossiles. Ce sont présentement 15 milliards de tonnes de combustibles fossiles qui sont extraites chaque année. Cela représente environ 535 fois plus d’extraction que ce que nécessiterait une économie basée sur les énergies propres en 2040. Notons qu’il existe un certain nombre de contre-arguments, mais l’échelle de comparaison est tout de même utile.


Quand les start-ups produisant des véhicules électriques ferment leurs portes, leurs voitures fonctionnent-elles encore ? Alors que certains constructeurs automobile chinois ont fait faillite, les propriétaires de ces véhicules électriques ont perdu leur accès aux mises à jour des applications pour téléphones intelligents et même certaines fonctions de conduite. Les frustrations des conducteurs soulignent les risques plus larges des « smartphones sur roues », dont la fiabilité dépend de la maintenance et des mises à jour des logiciels.

L’intelligence artificielle rendra-t-elle l’industrie verte ? Pas vraiment, mais certains projets ont quand même du potentiel: optimisation logistique, détection de défauts de fabrication, prévisions avancées, etc. Cette intersection de domaines est à suivre, mais en gardant toujours un œil grand ouvert pour détecter l’éco-blanchiment.

◗ Dans l’univers de la réinvention du domicile, on connaissait déjà le coliving et les maisons multigénérationnelles. CoAbode s’adresse au créneau des mommunes, ces groupes de femmes monoparentales qui choisissent de joindre leurs forces et d’élever leurs enfants ensemble. La plateforme leur permet de trouver d’autres familles pour partager appartements, maisons, voitures, épiceries, et évidemment, l’entraide entre parents.


L’éditorial de cette semaine

Des outils d'IA sont en phase de tests en ce moment dans un collège privé de Montréal. (Photo d'archives) Photo : iStock / SolStock

À quoi ressemblera l’École de demain ?

Écrit par Marianne Richard le 18 septembre 2024

À mesure que l’excitation de la rentrée scolaire s’estompe, élèves, parents, professeurs et personnel de soutien se réapproprient peu à peu leur routine. Cette accalmie représente le moment idéal pour réfléchir à l’évolution du système éducatif québécois et à la direction que nous aimerions collectivement le voir emprunter.

Dans un article datant de 2021, le World Economic Forum a proposé quatre scénarios d’évolution probables pour l’éducation au cours des deux prochaines décennies. Ces scénarios explorent diverses possibilités : une prolongation de la scolarité traditionnelle avec une individualisation accrue pour répondre aux besoins de l’industrie 4.0 ; la sous-traitance de l’éducation à des systèmes privatisés et flexibles ; des écoles transformées en centres d’apprentissage communautaire ; et un modèle d’apprentissage continu qui élimine la conception traditionnelle de la salle de classe au profit des apprentissages informels, résultant d’une autonomisation ubiquitaire de la société.

L’école complètement tech!

Tous ces futurs potentiels reposent sur une utilisation croissante des technologies, allant de l’intégration accrue d’outils technologiques en classe (réalité virtuelle, Internet des objets, etc.) à une société où l’automatisation rendrait obsolètes de nombreux apprentissages actuels.

Il n’est guère étonnant que les scénarios pour l’éducation de demain débordent d’espoirs high-tech lorsque l’on réalise que les technologies s’invitent déjà dans les modèles éducatifs actuels. Pensons par exemple à la mise sur pied par le conseiller pédagogique Stéphane Côté du robot conversationnel Emilia, alimentée par OpenAI, visant à assister les professeurs dans leurs corrections, ou encore à l’exigence d’un ordinateur personnel pour les étudiant.es dans la majorité des écoles secondaires privées de la province. La pandémie a rendu l’enseignement en ligne plus accessible que jamais, matérialisant l’idée d’une éducation décentralisée et délocalisée. Plus près de moi, un ami enseignant utilise la version éducative du jeu vidéo Minecraft en réalité virtuelle afin d’aider ses élèves à visualiser le concept de seigneuries1

Mais si ces scénarios sont possibles et même probables, sont-ils réellement souhaitables ? L’école, ce lieu des premières rencontres prenant une si grande place dans le développement cognitif et émotionnel des jeunes, devrait-elle réellement devenir virtuelle ? Plus fondamentalement, à l’ère des IA génératives, quelles connaissances et compétences – savoir-faire et savoir-être – devrait-elle transmettre ? 

Depuis le siècle dernier, l’école avait pour mission de préparer les prochaines générations au marché du travail. Étant donné les transformations radicales de ce marché, il est logique d’adapter les compétences enseignées. En 2022, la Commission des partenaires du marché du travail a élaboré le Référentiel québécois des compétences du futur, où les compétences non-techniques (soft-skills) telles que l’autonomie et la gestion du changement sont prépondérantes. Ce référentiel souligne déjà un décalage entre le cursus actuel et les compétences nécessaires.

Mais allons encore plus loin : si l’autonomisation permet d’atteindre des gains massifs en productivité et de réduire considérablement les semaines de travail, quel rôle pourrait alors jouer l’école ?

L’école pour le bien commun

Dans son livre The Next 100 Years, Pavel Luksha, fondateur et directeur du groupe de réflexion Global Education Futures, propose que pour réellement repenser le système éducatif, il faut s’interroger sur notre vision globale de la société de demain. Avant de déterminer comment former les futures générations, il est primordial d’avoir une vision claire de ce que nous souhaitons pour demain !

Ainsi, Luksha suggère qu’une réelle refonte du système éducatif passera premièrement par la construction d’une vision commune et unifiée du futur, vision pour le moment absente des processus décisionnels entourant le modèle éducatif québécois. 

L’auteur avance tout de même quelques pistes de réflexion : l’école pourrait par exemple apprendre l’art du dialogue et de la pensée critique, permettant aux individus d’acquérir les compétences nécessaires pour adopter des perspectives diverses et communiquer efficacement entre eux. Les écoles deviendraient donc des « refuges » de la libre pensée invitant aux discussions constructives et ouvertes. Luksha évoque aussi l’idée d’un système éducatif basé sur l’empathie à tous les niveaux, mettant l’accent sur la promotion d’une culture de non-violence et contribuant à créer des sociétés, où l’harmonie et le respect d’autrui prône. 

Si ces suggestions semblent relever de l’utopie, je crois réellement qu’il faut savoir rêver grand pour imaginer de nouveaux futurs. Si la forme et les modalités de l’école ont été appelées à changer, il serait illusoire de penser que sa vocation est pour sa part immuable. 

Trouver cette nouvelle vocation est un défi de taille. Le mathématicien Stephen Wolfram proposait récemment d’inclure des philosophes lors des réflexions entourant l’IA – peut-être gagnerions-nous à en inclure un peu partout ?


1Notons que Minecraft est utilisé depuis longtemps dans le milieu éducatif. Un article de Radio-Canada datant de 2015 faisait mention de l’utilisation du logiciel dans plusieurs pays en contexte scolaire. C’est donc l’ajout du volet  réalité virtuelle qui est ici souligné (et le bon travail de mon ami par le fait même).

L’infolettre de la semaine

Wang Xiuting discute avec son petit ami virtuel sur Wantalk — un chatbot IA créé par l’entreprise technologique chinoise Baidu — sur son téléphone à Pékin.

Télescope 29

Écrit par La Société des demains le 5 septembre 2024

Prospective, retour aux fondamentaux pour mieux anticiper

La prospective vise à étudier des futurs possibles afin d’identifier des opportunités et de mieux comprendre les tendances et les incertitudes. Dans cet article, Olivier Desjeux explore l’importance de comprendre les fondements du passé pour anticiper l’avenir, soulignant qu’il n’est pas possible de réfléchir de manière utile et créative sans cette connaissance. Inversement, il montre également que les prévisions basées sur les évolutions passées peuvent être dangereuses, car elles risquent de ne pas tenir compte des changements imprévus. Enfin, il souligne que la créativité et l’ouverture aux idées nouvelles sont essentielles pour élargir le champ des possibles, tout en reconnaissant que le succès repose sur une solide compréhension des principes fondamentaux.

Un documentaire qui a le pouvoir de changer le cinéma

Réalisé par Gary Hustwit à l’aide d’un logiciel spécialement conçu à cet effet, Brain One (un anagramme de Brian Eno), le documentaire sur Brian Eno propose une approche novatrice de la réalisation en créant des versions uniques du film pour chaque projection. Ce documentaire génératif remet en question les notions traditionnelles de narration précise, car il présente une exploration non linéaire et en constante évolution de la vie et de l’œuvre d’Eno. Seulement 25 % du contenu étant fixe, le film évolue continuellement, de nouvelles scènes étant ajoutées et affinées au fil du temps, ce qui lui permet de rester dynamique et captivant. Le film redéfinit ainsi la manière dont les documentaires peuvent être vécus et compris à l’ère numérique.

Mythes sur la mise à l’échelle de l’IA

Relativement technique, cet article sur les mythes de mise à l’échelle de I’IA a l’avantage, justement, d’y aller avec des arguments basés sur ladite technique, contrairement à plusieurs qui prennent l’approche du dénigrement ou de la comparaison sur les formes d’intelligence. En résumé, bien que les modèles de plus grande taille aient permis d’améliorer les capacités de l’IA, les auteurs affirment qu’il y a des limites à la mise à l’échelle en raison de facteurs tels que la disponibilité et la qualité des données d’entraînement. Ils expliquent également que l’industrie s’oriente d’ores et déjà vers le développement de modèles plus petits qui sont entraînés plus longtemps pour optimiser les performances, plutôt que d’augmenter simplement la taille des modèles.


À Laval, un couvent se transforme en village communautaire. Par chance, le patrimoine religieux ne finit pas toujours en condo de luxe. Beau projet à Laval qui s’inscrit bien dans les besoins grandissants de repenser les bâtiments existants et de renforcer le tissu social et les organismes de soutien. « Avant, je voulais sauver le patrimoine bâti, mais là, je veux sauver le patrimoine humain, social et collectif. »

Personne n’est prêt à cela. « Une explosion sur le côté d’un vieux bâtiment en briques. Une bicyclette accidentée dans un carrefour. Un cafard dans une boîte de plats à emporter. Il m’a fallu moins de 10 secondes pour créer chacune de ces images avec l’outil Reimagine de l’éditeur magique du Pixel 9 (Magic Editor). Elles sont nettes. Elles sont en couleur. Elles sont d’une grande fidélité. Il n’y a pas de flou d’arrière-plan suspect, pas de sixième doigt révélateur. Ces photographies sont extraordinairement convaincantes, et elles sont toutes extrêmement bidons. »

◗ Habituellement, Télescope tente de rester relativement positif, mais parfois un petit détour dystopique peut aussi faire réfléchir. À moins que ces exemples ne soient pas dystopiques pour vous? Nous serons heureux de vous entendre si c’est le cas. Des jeunes femmes chinoises se tournent vers les petits amis IA qui sont, semble-t-il, « mieux que les vrais hommes »; la rentrée des classes en toute discrétion pour les parents? Envoyer les enfants à l’école dans une voiture autonome Waymo; finalement, des policiers ont commencé à utiliser des chatbots d’IA pour rédiger des rapports de crime. Ceux-ci tiendront-ils la route devant les tribunaux ?

L’appartement low-tech, à Boulogne-Billancourt © Corentin de Chatelperron / Biosphere Experience

Télescope 28

Écrit par La Société des demains le 21 août 2024

Télescope est de retour! Nous espérons que vous passez un bel été plein de siestes et de pauses fraîcheur. Pour une fois, comme il s’est écrit beaucoup de belles choses pendant notre absence, il y a quatre articles principaux dans ce numéro, ce qui nous permet de vous en proposer deux de chez Usbek & Rica.


On a visité l’appartement low-tech du futur

Fascinante expérimentation d’un mode de vie low-tech dans un appartement de 26 mètres carrés à Boulogne-Billancourt en bordure de Paris. L’objectif global est d’atteindre les critères de durabilité de l’ONU en matière de gaz à effet de serre, soit moins de 2 tonnes de CO₂ par an et par personne, de manière accessible et agréable. Le projet inclut la culture de champignons, la récupération de l’eau de douche pour nourrir des plantes en bioponie, et un système de toilettes « vivantes » qui transforme les déchets en compost grâce à des larves de mouches. Pour l’alimentation, ils s’approvisionnent en produits bio et locaux, avec un budget de 6 euros par jour et par personne. 

+4° C : La prospective aussi doit s’adapter

L’auteur propose d’adapter la prospective face aux défis écologiques contemporains, notamment en raison de l’accélération des phénomènes climatiques qui remettent en question les modèles prédictifs traditionnels. Pour naviguer ces incertitudes, il devient essentiel de prioriser certains risques et d’identifier des opportunités afin de réorienter proactivement les organisations vers des espaces plus sûrs. De plus, une approche intégrant les sciences sociales est nécessaire pour établir un réseau de variables qui enrichira les scénarios prospectifs, tout en tenant compte des interactions complexes entre le système terrestre et les sociétés humaines. Autrement dit, il s’agit d’orienter des processus prospectifs non seulement vers des horizons de temps, mais aussi vers des hypothèses climatiques (+4° C par exemple).

La liminalité automatisée

Article intriguant concernant l’utilisation des LLM (grand modèle de langage) dans la prospective et la recherche sur les futurs. Les auteurs proposent que ces disciplines, « identifiées comme interdisciplinaires et intrinsèquement liminales », intègrent « les “hallucinations” ou les inexactitudes des LLM et qu’elles soient redéfinies comme des scénarios imprévus apportant des contributions cruciales aux visions de l’avenir ». En d’autres termes, leur altérité et leurs « mauvaises » réponses peuvent être une fonctionnalité, et non un bogue, en nous aidant à trouver des idées originales dans le cadre de projets de prospective.

Les trois C des données à l’ère de l’IA

Eryk Salvaggio propose trois aspects clés à considérer pour les données à l’ère de l’IA : le contexte, le consentement et le contrôle. Il évoque les difficultés à traduire dans un cadre juridique les émotions citoyennes suscitées par l’IA, la nécessité de mettre en place des politiques donnant la priorité au contrôle individuel de l’utilisation des données, et explique ses préoccupations quant à la perte de contrôle des données personnelles dans les systèmes d’IA. Salvaggio plaide en faveur de l’établissement de normes protégeant les droits relatifs aux données et encourageant la transparence dans les pratiques.


Les films de science-fiction ont changé depuis les années 50. Dans cet essai visuel, Alvin Chang montre comment les films de science-fiction sont devenus plus sombres et plus complexes depuis les années 1950, époque à laquelle de nombreux films se déroulaient dans le présent et présentaient une menace existentielle claire qui était ensuite surmontée.

Le design est politique. « Chaque choix, qu’il soit mineur ou profond, esthétique ou structurel, fonctionnel ou architectural, aura des conséquences sur notre rapport à l’outil et peut avoir des effets sociaux. Ainsi, chaque choix doit s’appuyer sur des intentions, principes et valeurs clairement affirmés. » 

◗ Superbe vision d’une UQAM qui s’ouvrira à la population bigarrée du Quartier latin. Le projet Métamorphose aspire à en faire un « quartier apprenant », reliant la vie universitaire à la communauté locale et transformant la bibliothèque en un « lieu de vie » où les gens peuvent étudier, se détendre et socialiser, tout en intégrant des espaces pour des activités communautaires.

Télescope 27

Écrit par La Société des demains le 10 juillet 2024

Qu’est-ce que la prospective créative ?

Cet article au Réseau Université de la Pluralité propose une distinction entre « anticipation pour le futur », plus utilisée par les entreprises, et « l’anticipation pour l’émergence » qui se concentre, elle, sur la nouveauté. Selon nous, il y a en fait un croisement assez important entre les deux, mais cette élaboration de la prospective créative en vaut la peine. 

La prospective créative se concentre sur la libération de l’imagination et l’exploration de nouvelles possibilités radicales. Elle vise à transformer les conditions du changement en travaillant sur des dynamiques ouvertes. Cette approche considère le futur comme une capacité de transformation et encourage la diversité de visions du monde et des cultures. En s’appuyant sur des pratiques telles que le design fiction et la prospective narrative, elle cherche à ouvrir les esprits à des futurs radicalement différents.

La ville sensée et intelligible

Les cartes (topographiques, géographiques, etc.) jouent un rôle important dans notre compréhension du monde en nous permettant d’y projeter nos propres expériences. L’imbrication de la technologie numérique et de l’espace physique a transformé les villes, élargissant leur portée grâce à des jumeaux numériques qui sont désormais inséparables de leurs homologues physiques. Alors que nous naviguons dans cet environnement hybride, il est essentiel de prendre en compte les interactions complexes entre la technologie, l’aménagement urbain et les expériences humaines pour imaginer la ville du futur. L’évolution des cartes en tant qu’infrastructure souligne l’importance de reconnaître leurs biais et leurs limites, ce qui nous incite à faire preuve de prudence lorsque nous nous fions à elles pour façonner nos perceptions et nos décisions.

Comment réparer le « péché originel » de l’IA

Dans cet article, l’auteur explique bien les complexités entourant les questions de droit d’auteur dans le monde de l’IA, en se concentrant particulièrement sur les modèles d’IA entraînés sur des contenus protégés par le droit d’auteur. Il souligne la nécessité pour les développeurs d’IA de respecter les « signaux de droit d’auteur » (l’intention réelle et les licences ou permissions) et de travailler à la création d’une nouvelle économie de l’IA qui récompense la création de contenu. 


J’ai porté des Meta Ray-Bans à Montréal pour tester leurs capacités de traduction de l’IA. Cela ne s’est pas très bien passé. Signalisation routière, cônes, application qui traduit l’écriture, mais pas le son de la voix, les bugs et limitations se sont avérés nombreux.

Penser hors du cône. Le cône des futurs évidemment, pas ceux sur nos routes comme ci-dessus. L’auteur propose un modèle encore plus ouvert, qui se prête aux développements exponentiels et aux idées invraisemblables, parce que « si nous voulons vraiment explorer l’espace des futurs de manière expansive, nous devons passer par des futurs qui, du point de vue actuel, sont impossibles. »

Les « troisièmes lieux » commerciaux sont-ils en voie de disparition? Les cafés se multiplient et, malgré cela, la plupart semblent quand même toujours occupés, souvent par une foule de gens avec des portables. Certains cafés prennent différentes mesures pour limiter le temps de « squattage » ou encourager la consommation. Ici, l’auteur nous présente le concept du troisième lieu et comment certains commerces se lancent maintenant dans une direction lui étant opposée.

Photo par Brian McGowan sur Unsplash

Comment la loi d’Amara permet-elle de mieux comprendre notre époque?

Écrit par Catherine Mathys le 26 juin 2024

Roy Amara était cofondateur de l’Institute for the Future à Palo Alto, dans la Silicon Valley. Dans le domaine de la prospective, ce sont des pionniers d’une méthodologie qui permet de réfléchir de manière constructive et systématique au futur. 

Roy Amara est surtout connu pour son adage, désormais appelé la loi d’Amara :

Nous avons tendance à surestimer l’effet d’une technologie à court terme et à sous-estimer son effet à long terme.

C’est une phrase qui en dit long et qu’on peut interpréter de différentes manières mais en somme, elle revient à dire que nous nous sommes souvent trompés quand il s’agit d’évaluer l’impact réel d’une technologie dans nos vies. 

En technologie, il existe tout plein de ces « lois » qui nous permettent d’illustrer certains phénomènes. La plus connue et sans doute celle dont vous avez déjà entendu parler est la loi de Moore. 

Cette loi stipule que le nombre de transistors sur une puce double tous les deux ans. Bien qu’elle ne soit pas prouvée scientifiquement, il s’agit d’une observation et d’une extrapolation qui se sont maintenues depuis 1965. On a plusieurs fois annoncé la mort de cette loi mais elle est toujours d’actualité puisqu’on continue toujours de miniaturiser. 

Quels seraient des exemples où la loi d’Amara s’est appliquée?

Il y en a plusieurs. C’est justement ce qui donne sa pertinence à ce principe de surestimation à court terme et sous-estimation à long-terme. 

Commençons par un exemple plus vieux: La course à l’Espace. C’est une course dont l’objectif était de réaliser l’un des plus grands rêves de l’humanité : envoyer des hommes sur la Lune. L’URSS a remporté les premières victoires en mettant Spoutnik 1 en orbite en octobre 1957 et en envoyant le premier homme dans l’Espace en avril 1961. En réponse, en mai 1961, le président Kennedy a lancé à sa nation le défi d’envoyer un homme sur la Lune avant 1970. C’est un défi qui a passionné le monde entier mais qui a aussi séduit l’opinion publique… pour un temps.

Dans cet enthousiasme vif puis faiblissant, on a peu considéré les effets à long-terme. L’angle de la course EU-URSS a pris toute la place et on a vite oublié que l’accélération de l’innovation technologique qui en a découlé aurait un réel impact sur notre quotidien à long-terme. 

Maintenant, il y a toute une économie de l’Espace qui se met en place. Le Forum économique mondial parle d’un marché de 1.8 billions de dollars en 2035 (1000 milliards). Bref, on a pensé que la plus grande innovation était celle des années 60 mais on n’a probablement encore rien vu. 

Un exemple plus récent de l’application de la loi d’Amara? On a moins de distance avec le sujet mais il est tout de même possible d’en tirer des leçons. 
Vous vous souvenez de Clubhouse ? En 2021, tout le monde parlait de l’application audio Clubhouse, un genre de réseau social sans images. On avait l’impression de réinventer les réseaux sociaux, de faire du neuf avec du vieux. On attendait notre invitation avec impatience. On se sentait choisi quand on pouvait enfin accéder aux fameux salons de discussions. Voici ce qui illustre la première partie de l’adage: nous avons tendance à surestimer l’effet d’une technologie à court terme. 

C’était sympathique le temps que ça a duré mais on est passé à autre chose, mais cela rend-il les réseaux sociaux audio obsolètes pour autant? Avez-vous remarqué comment les jeunes de la génération Z communiquent? Le mémo vocal est un mode de communication privilégié pour les jeunes. 

Quand je faisais ma maîtrise, on s’offusquait du langage texto. Maintenant, l’audio reprend ses droits mais sous une autre forme. Une partie des communications sociales passe par la voix. Et puis il n’y a pas que les jeunes, la Silicon Valley se passionne pour AirChat, un genre de Twitter vocal. Soyons attentifs à ce genre de phénomène qui ne se limite pas à un nom ou une application en particulier mais qui nous porte à réfléchir sur nos comportements en société. Parce que oui, nous avons tendance à… sous-estimer l’effet à long terme. 

Comment ça s’applique l’IA et à cette période effrénée qu’on vit en ce moment?

C’est un schéma qui s’applique aussi à l’IA. Une grande promesse au départ, une déception, puis une confiance croissante dans des résultats qui dépassent les attentes initiales. 

L’IA a été surestimée à plusieurs reprises et ses perspectives à long terme ont longtemps été  sous-estimées. Quand l’enthousiasme initial s’amoindrit, on appelle ça des hivers. Et il y a eu plusieurs hivers de l’IA où l’intérêt et le financement n’étaient plus au rendez-vous. Le premier a eu lieu de 1974-1980 et le second de 1987 à 1994. 

Le cycle se ressemble à chaque fois. Le sujet suscite les passions. On se dit que ça y est, notre quotidien ne sera plus jamais le même. Et puis, les déceptions surviennent, la recherche stagne, et on n’assiste finalement pas à la révolution attendue. 

D’ailleurs, plusieurs pensent qu’on ne serait pas à l’abri d’un 3e hiver de l’IA. C’est que la surenchère médiatique qui s’y rattache mène à des attentes démesurées. C’est comme une seconde course à l’espace, sauf que là c’est la course à l’IA. Mais en ressent-on réellement les effets tangibles? 

Est-ce qu’on a surestimé le bond technologique à court terme? Sam Altman d’OpenAI, le visage du boom de l’IA, a déclaré plus tôt cette année que les modèles d’IA capables d’accomplir la plupart des tâches génératrices de revenus mieux que les humains arriveront dans un avenir « raisonnablement proche ». Sauf qu’il a aussi dit que les gens seront probablement déçus de son potentiel transformateur. En somme, les attentes sont si hautes que personne ne pourra les combler. 

Alors ce n’est pas du court terme qu’il faut tant se préoccuper, c’est du long terme qu’on sous-estime souvent. Si un 3e hiver de l’IA survient et qu’on se désintéresse d’outils qui ne remplissent pas leurs promesses, les avancées vont se poursuivre plus lentement, différemment et il est possible que le réveil du printemps soit encore plus perturbateur que prévu. 

Comment peut-on appliquer l’idée maîtresse de la loi d’Amara?

Soyons patients : ne nous laissons pas emporter par l’engouement du moment. Concentrons-nous plutôt sur le potentiel à long terme d’une technologie plutôt que de ses applications immédiates.

Mettons régulièrement à jour nos connaissances et notre compréhension des avancées technologiques pour prendre de meilleures décisions. Les progrès annoncés ne sont pas toujours de grands bonds en avant. 

En conclusion, la loi d’Amara nous rappelle l’importance d’adopter une perspective à long terme lorsqu’on évalue les nouvelles technologies. En restant informés, patients et critiques, on peut mieux comprendre la suite des choses.


L’infolettre de la semaine

Télescope 26

Écrit par La Société des demains le 26 juin 2024

Comment Vannevar Bush a façonné le 20e siècle

Au cours du processus d’invention de nouveaux futurs, il est important de connaître, comprendre et savoir critiquer les anciennes visions. Bien que cet article n’apporte pas de critique, il s’avère très utile pour comprendre tout un pan de l’histoire de la science et de l’informatique et l’influence à long terme de certaines idées. Entre autres accomplissements, Vannevar Bush a été une figure clé du projet Manhattan, a publié un article qui a en quelque sorte anticipé la création de l’hypertexte, et a influencé, grâce à son projet du « memex », le développement de l’ordinateur personnel et du web. En créant les premiers contrats de recherche, il a transformé les relations entre le gouvernement, le monde universitaire et l’industrie.

L’IA peut-elle repenser l’art ? Le devrait-elle ?

Certains artistes explorent l’intersection de l’art et de l’IA et se réjouissent de cette collaboration, tandis que d’autres s’inquiètent d’être remplacés par des machines. Refik Anadol et Pierre Huyghe font partie de ceux qui créent des œuvres d’art générées par l’IA qui suscitent la réflexion et qui brouillent les frontières entre la nature et la technologie. Malgré les craintes, Anadol pense que cette technologie offre de nouvelles possibilités d’imagination, de création et que le monde de l’art est témoin d’une renaissance où les humains et les machines collaborent pour repousser les limites et créer des formes d’art vivantes en constante évolution.

Le pronatalisme domine la conversation sur l’avenir de l’humanité

Beaucoup de matière à réflexion dans cet article ou l’auteure Nandita Bajaj traite de la pression exercée historiquement par le pronatalisme patriarcal visant à augmenter les taux de natalité et des effets négatifs de la surpopulation sur l’environnement et la société. Elle souligne l’importance de faire respecter les droits de l’homme, de promouvoir l’égalité des sexes et de remettre en question les idéologies pronatalistes pour ralentir la croissance démographique. Face à une population vieillissante, elle suggère que de réaffecter judicieusement les ressources et considérer les personnes âgées comme des contributeurs significatifs à la société serait une solution plus judicieuse que de demander aux femmes de faire plus d’enfants. Bajaj appelle à des politiques progressistes donnant priorité au bien-être social plutôt qu’à une croissance sans fin, soulignant la nécessité de s’attaquer au dépassement écologique et d’œuvrer pour un avenir moins peuplé et moins consommateur.


Quelques bonnes nouvelles sur le front du climat. « Le déclin des émissions en Chine et la croissance vigoureuse des énergies renouvelables, entre autres, sont des phénomènes qui permettent de penser que l’atteinte d’un pic est peut-être moins loin qu’on pense. » 

Qui, de la science ou de la littérature, est plus à même de décrire le futur ? La science offre des aperçus probables du futur à travers des hypothèses et des modèles, mais la littérature, notamment la science-fiction, explore de nouveaux horizons imaginaires. Par exemple, les visions spatiales de l’afrofuturisme et de la SF autochtone remettent en question les normes occidentales, offrant des récits alternatifs sur l’exploration de l’espace. 

On déménage léger en carbone! Si votre futur proche inclut un déménagement, n’oubliez quand même pas vos convictions climatiques.  « Selon la Ville de Montréal, 115 000 déménagements ont lieu chaque année entre juin et juillet et 50 000 tonnes d’objets divers sont jetées durant la même période. C’est sans compter les innombrables camions de déménagement qui circulent dans les rues en émettant des gaz à effet de serre. Comment, en 14 étapes, changer de maison sans bouleverser davantage les saisons? »


L’éditorial de la semaine

Le documentaire « Nous, jeunesse(s) d’Iran », diffusé sur France 5, a fait le choix de générer des visages via intelligence artificielle pour anonymiser ses témoins (au centre). Créer une simple mosaïque présente dorénavant trop de risques. Quant au carré noir, difficile de l'utiliser durant tout un film. © Crédits photo : montage La Revue des médias / photo Chrysalide Production/Elephant Doc

Télescope 25

Écrit par La Société des demains le 12 juin 2024

Pourquoi simuler les futurs d’une organisation

L’objectif du design fiction est d’inspirer et de faire adhérer à l’idée du changement, en créant des représentations concrètes et évocatrices de futurs possibles pour explorer les conséquences des changements environnementaux, sociétaux ou technologiques. Fabien Girardin nous propose ici un excellent survol de la pratique, en présentant deux projets réalisés par son studio et deux projets externes. Dans tous ces cas, les artéfacts ainsi créés ont permis d’avancer la réflexion en cours de production, mais surtout par la suite de dynamiser les conversations autour d’un futur possible.

Urgence à France Télévisions : inventer le floutage de demain

En raison de l’arrivée de nouveaux outils techniques, dont l’IA, France Télévisions a été confrontée à la nécessité de repenser les techniques d’anonymisation des témoins, notamment en ce qui concerne la voix et les visages. Des mesures strictes ont été mises en place, telles que l’interdiction de simplement modifier la hauteur de la voix et la restriction de l’utilisation du floutage pour les visages. Une « charte de l’anonymat » a été élaborée en interne pour garantir une protection maximale des sources anonymisées. Certains sujets ont depuis été dépubliés pour éviter tout risque de désanonymisation. Finalement, des techniques d’intelligence artificielle sont explorées pour protéger les témoins tout en préservant l’authenticité des documentaires.

Intelligence artificielle? Non, intelligence collective.

Superbe entretien entre le journaliste Ezra Klein et la musicienne Holly Herndon. Retenons surtout le passage où celle-ci parle « d’intelligence collective ». Elle voit les données d’entraînement, qui proviennent de nous tous et sont utilisées par les IA, comme un patrimoine commun. En l’écoutant nous vient le sentiment qu’il serait essentiel de recadrer les choses, de passer d’un système qualifié « d’artificiel » à un système « collectif », pour en faire quelque chose qui serait plus proche d’un bien commun. Des données et des résultats collectifs rendus possibles par les produits des secteurs privé et public, un peu comme des projets hydroélectriques privés et publics produisant de l’électricité à partir d’un bien commun, la rivière. Ou les bergers d’autrefois qui utilisaient des terres communes pour élever leurs propres moutons.


Ikea s’apprête à lancer The Co-Worker Game sur Roblox, offrant aux joueurs la possibilité de travailler dans un magasin Ikea virtuel. Les candidats devront répondre à des questions amusantes telles que « Si vous étiez un meuble Ikea pixelisé, que seriez-vous? » et « Que feriez-vous si nous n’avions plus de hot-dogs pixelisés dans notre bistro ? ». Le jeu vise à plonger les joueurs dans le monde du travail d’Ikea et à les rémunérer en argent réel, soit environ $16 US de l’heure. Cette opportunité unique fait appel à l’amour de la marque et à l’importance croissante des expériences numériques pour les joueurs de la génération Z.

◗ Gannett, une entreprise de médias qui possède des centaines de journaux aux États-Unis, lance un nouveau programme qui ajoutera en tête des articles des listes à points générées à l’aide de l’intelligence artificielle. L’ajout de ces résumés survient alors que les membres d’un syndicat local s’inquiètent déjà des clauses contractuelles proposées en matière d’utilisation de l’IA.

◗ L’internet chinois se transforme rapidement. On y a constaté une diminution significative du nombre de sites web en langue chinoise au cours de la dernière décennie, passant de 4,3 % à 1,3 % du total mondial. Ce déclin est attribué à des problèmes techniques d’archivage des contenus mais surtout à des pressions politiques conduisant à une censure accrue. En conséquence, plusieurs s’inquiètent de la perte de la mémoire collective en ligne, le contenu historique et les informations disparaissant d’internet à un rythme alarmant.

L’intérieur de la pièce silencieuse de la Bibliothèque du futur, à Oslo. Photo : VEGARD KLEVEN/Katie Paterson/Future Library

Télescope 24

Écrit par La Société des demains le 29 mai 2024

Les manuscrits secrets de la Bibliothèque du futur

Travailler à un projet d’avenir sans se préoccuper de ne plus y être pour en bénéficier. Ce sera un des grands défis de notre ère; faire les changements requis pour éviter le pire aux générations futures. À la grande bibliothèque d’Oslo, c’est la version littéraire qui se joue, écrire et protéger des livres « secrets » pour ne les lire que dans 100 ans. Chaque année, un nouveau manuscrit secret est ajouté, scellé dans un tiroir de verre et d’acier. Margaret Atwood a contribué à cette bibliothèque, dont les textes resteront cachés jusqu’en 2114, inspirant une réflexion sur l’avenir de l’humanité et la pérennité des livres papier. 

OpenAI vient de dévoiler son jeu

Brouhaha ces derniers jours autour d’OpenAI et de la voix de Scarlett Johansson. La compagnie américaine se serait inspiré, voire aurait copié, la voix de l’actrice qui avait pourtant refusé de s’y associer. Charlie Warzel dans The Atlantic souligne la quête inlassable de progrès par les développeurs de l’IA, menée trop souvent sans tenir compte des préoccupations éthiques ou du consentement. Selon l’auteur, ils sont animés par un sentiment de légitimité leur donnant le beau rôle de façonner l’avenir de la société.

Remarquons aussi que la voix de Johansson avait été retenue en raison de son association au film Her (2013), la majorité des bonzes de Silicon Valley aimant bien s’inspirer de la science-fiction. Malheureusement, ils ignorent souvent la mise en garde du récit, pour plutôt offrir une « dystopie utile » aux consommateurs. C’est le propos de Brian Merchant, aussi en lien avec le cas OpenAI, quand il affirme que pour bien des PDG de l’industrie technologique, la dystopie est la clé du succès.

Des robots cajoleurs pour la prise en charge de la démence

Avoir un œil critique sur l’adoption technologique est essentiel, mais parfois certains défis devront être balancés avec des besoins criants, ou l’idéal risque de s’avérer impossible. Nous en avons ici un bon exemple avec un regard sur le potentiel d’utilisation de robots pour améliorer les soins aux personnes atteintes de démence. En raison d’une pénurie de personnel soignant, aux États-Unis seulement, plus d’un million de travailleurs supplémentaires seront nécessaires pour aider les personnes atteintes de démence d’ici 2031. L’auteure souligne les difficultés liées à l’utilisation de robots pour l’interaction sociale, notamment les préoccupations relatives à la protection de la vie privée, les réticences du personnel soignant et le besoin de personnalisation.


Viande artificielle : c’est parti ? La viande artificielle est produite à partir de cellules animales cultivées en laboratoire, offrant ainsi une option potentielle pour la consommation de viande. Les producteurs promettent des avantages tels qu’une moindre consommation d’eau et d’antibiotiques, ainsi qu’un goût et des qualités nutritives similaires à la viande traditionnelle. Cependant, les défis majeurs résident dans la transition vers une production à grande échelle ainsi que dans l’acceptabilité sociale.

Les adolescents qui se lient d’amitié avec les chatbots d’IA. De nombreux adolescents trouvent ces robots de conversation utiles pour évacuer leurs émotions et discuter de problèmes psychologiques en dehors de leurs cercles sociaux. Si certains utilisateurs apprécient la compagnie et le soutien des chatbots, des inquiétudes se posent quant au risque d’accoutumance et à l’impact sur les interactions sociales dans la vie réelle.

La microforêt, outil écologique de réflexion et d’action. La microforêt est un outil écologique apprécié pour sa croissance rapide et ses nombreux bienfaits environnementaux, tels que la rétention d’eau et la biodiversité. Conçus grâce à la méthode Miyawaki, ces espaces verts sont entretenus pendant trois ans avant de devenir autonomes, laissant ensuite la nature suivre son cours.

Des ouvriers de China Railway Group travaillent dans un tunnel sur le site de construction du chemin de fer municipal de Hangde dans le sous-district de Kangqian, comté de Deqing, ville de Huzhou, province du Zhejiang (Chine de l’Est), le 2 février 2023. © CFOTO/Sipa USA

Télescope 23

Écrit par La Société des demains le 15 mai 2024

S’orienter dans la polycrise

Cet article est un extrait du livre de Michael J. Albert intitulé Navigating the Polycrisis. En bref, l’auteur affirme que face aux nombreuses crises interconnectées, le travail de prospective peut aider à nous orienter vers des avenirs différents et plus propices à la survie. « Le business-as-usual prendra fin, que ce soit par choix ou suite à une catastrophe. Nous avons donc besoin d’études orientées vers l’avenir et qui pourraient éclairer les routes possibles, leurs ramifications, les dangers qui nous guettent et les opportunités qui peuvent émerger pour une transformation progressive ».

Il parle également d’utopies concrètes, où « la spéculation doit négocier la tension entre l’imagination radicale et l’analyse sociale, politique et écologique rigoureuse du possible. En d’autres termes, elle émerge de la rencontre toujours délicate entre l’utopie et le réalisme ».

L’avenir du travail entre dans l’ère de la synthèse

Au Future Laboratory, très bon résumé de leur nouveau rapport sur l’avenir du travail ainsi que son évolution en lien avec l‘IA. Celle-ci entraînera des défis et des opportunités en termes de productivité, de redéploiement des emplois et de nouvelles exigences en matière de perfectionnement. Dans le même temps, il est essentiel de maintenir un équilibre entre les avancées technologiques et les qualités humaines telles que la profondeur de réflexion, la création de sens et la connexion. L’IA à le potentiel de créer de nouvelles opportunités d’emploi, en particulier pour les entrepreneurs, ce qui démontre la nécessité de s’adapter et d’embrasser l’évolution du paysage professionnel. Enfin, l’évolution vers des applications spécialisées de l’IA appelle à une réflexion approfondie sur la manière dont cette technologie est intégrée dans divers aspects de la société et des environnements de travail.

Le projet contre-hégémonique chinois

Très bon papier sur Le Grand Continent où on intègre le concept d’hégémonie d’Antonio Gramsci avec celui de soft power de Joseph Nye pour analyser la rivalité entre la Chine et les États-Unis dans le contexte de l’hégémonie mondiale. L’auteur se concentre sur le projet chinois de la nouvelle route de la soie et son impact sur les relations internationales et met en lumière l’influence croissante de la Chine à travers le développement des infrastructures et les stratégies de soft power. Selon lui, cette dernière souhaite ni plus ni moins que remplacer la mondialisation sous supervision américaine par une réorientation sino-centrée du marché mondial. Superviser le marché mondial permet de dépasser des instabilités politico-économiques domestiques tout en bénéficiant simultanément de retombées économiques colossales et d’un pouvoir politique extraterritorial immense.


Les raisons pour lesquelles nous devons passer de la prédiction à la prévision. Roger Spitz explique comment la prospective, à l’aide de diverses méthodologies telles que l’élaboration de scénarios, nous aide à planifier l’avenir en explorant systématiquement plusieurs futurs potentiels afin d’éclairer la prise de décision face à des changements imprévisibles.

À quoi ressembleront les Jeux olympiques du futur ? Chez Usbek & Rica, deux beaux exemples de scénarios pour imaginer des avenirs possibles. Centrés sur les olympiques, ils incluent aussi de petits détails pour bien peindre le portrait de ces futurs. De la même publication, le dérèglement climatique va-t-il changer les règles du sport ?  

Des parents décédés « donnent leur soutien » à des hommes politiques grâce à l’IA. Alors que les élections battent leur plein en Inde, certains des principaux hommes politiques du pays et leurs gourous de la marque ont misé sur l’intelligence artificielle pour ressusciter le passé et influencer l’avenir. Des défenseurs des droits numériques s’interrogent sur l’éthique d’un tel usage, en cours d’élection, de la voix ou de la représentation d’un candidat.


Éditorial de la semaine